Portrait de Marc Le Fur
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Assemblée Nationale Conseil Régionale de Bretagne Marc Le Fur
Marc Le Fur, Député des Côtes d'Armor, Consieller Régional de Bretagne
Avec Vous, en confiance
 

Taxe carbone : intervention de Marc Le Fur dans l’hémicycle le 23 octobre 2009

Le 24 octobre 2009
Je veux exprimer ce que je crois être le sentiment du pays réel …je veux parler de ces gens modestes, très nombreux, qui sont obligés de prendre leur voiture pour aller travailler, se chauffent au gaz et parfois au fuel, même si c’est un grand tort.

Notre urbanisme s’est en effet organisé de telle façon que les plus aisés, qui habitent le centre, disposent souvent des transports en commun, d’ailleurs financés par tous ; ceux qui sont un peu éloignés du centre prennent les transports départementaux, dont la qualité est logiquement inférieure à celle des transports urbains ; enfin, les habitants de la troisième couronne, eux, ne disposent d’aucun transport en commun.

Or, si j’ai bien compris, madame la ministre, ce sont ces derniers qui paieront « plein pot ». Quelles seront pour eux les conséquences objectives de la taxe carbone ? On parle d’une augmentation de 7 % ou 8 % de la facture de chauffage. Ces gens modestes, ces ouvriers, avaient applaudi à la défiscalisation des heures supplémentaires en 2007 ; ils ne comprendraient donc pas que nous pénalisions aujourd’hui le travail – puisque c’est pour s’y rendre qu’ils utilisent le plus souvent leur voiture. Ils ne comprendraient pas davantage que ceux qui voyagent en avion, qui sont en général plus aisés qu’eux, ne paient pas la taxe carbone, pas plus que la TIPP d’ailleurs. Il y a là deux poids, deux mesures.

Si je comprends bien, madame la ministre, on leur parle du signal-prix . Est-ce à dire que si demain le pétrole augmente de 50 %, donnant un signal-prix extraordinaire, le Gouvernement applaudira ? C’est absurde. On invoque également la possibilité de faire évoluer la consommation. Mais soyons, encore une fois, très concrets : un ménage qui vient d’acheter une chaudière au fioul ne peut changer de mode de consommation avant dix ans ! Il est prisonnier de la décision qu’il a prise, même si elle l’a été à tort ! On n’est donc pas ici dans une logique de « bonus-malus ». Celle-ci est une bonne logique appliquée à l’automobile, car elle encourage un choix lors de l’achat ; mais la taxe carbone, elle, pénaliserait ceux qui ont eu le tort – ou l’obligation – d’adopter tel type de chauffage ou d’acheter tel véhicule. Nous sommes le phare de l’univers, clame-t-on ; nous devons être les meilleurs à Copenhague ! Cet argument, mes chers collègues, a un impact assez limité chez un bon nombre de nos compatriotes. On invoque l’augmentation du prix du carburant et la création d’une taxe carbone en Suède ; mais c’est oublier que l’équivalent de la TIPP n’y est pas au même niveau que chez nous, de sorte que le prix du carburant y est finalement moins élevé ! Utilisons donc les comparaisons internationales avec la plus grande précaution.
Je veux aussi, même si je n’en ai guère le temps, monsieur le président, évoquer les entreprises. Comment imaginer une taxe carbone dans notre pays sans en instituer une aux frontières de l’Europe ? Nous pénaliserions nos propres producteurs, ce qui est pour le moins paradoxal en cette période de crise économique. Je ne développerai pas non plus la question, pourtant essentielle, des transports. L’idée intellectuelle selon laquelle le chemin de fer peut remplacer le camion perdure ; mais le parcours moyen, pour le transport en camion, est de moins de 80 kilomètres, distance sur laquelle, en tout cas dans bien des endroits, il n’y a pas de concurrence possible par le chemin de fer. Cessons donc de tenir des propos dénués de fondement. Bref, le présent article, dans sa rédaction actuelle, m’inquiète beaucoup, comme il inquiète les populations que j’ai l’honneur de représenter.

5 commentaires pour “Taxe carbone : intervention de Marc Le Fur dans l’hémicycle le 23 octobre 2009”

  • Bravo Monsieur LE FUR,
    Encore une fois vous exprimez la voix du bon sens, loin des snobisme parisiens et technocratiques.
    Comment comprendre que nos élites qui ont refusé la (mal nomée) TVA sociale, qui pénalisait les importations au bénéfice de notre industrie, s’enthousiasment pour la Taxe Carbone qui
    va pénaliser notre industrie au profit de nos importtations!!!!!
    Je pense que les cours d’économie à l’ENA devraient faire l’objet d’une réforme urgente.
           


  • Excellente argumentation …
    C’est le bon sens même!

  • Bravo Marc ! Mais j’aimerais que votre position si sensée et proche des préoccupation des classes moyennes soient plus entendues et suivies par l’AN ! J’étais d’accord pour la suppression de la
    redevance audiovisuelle et l’augmentation de la Pub ! Loupé ! Je suis pourtant certain que cette préoccupation était celle de la majorité des Français moyens !!! La rémubération du Livret A vient
    de baisser pour atteindre un taux inférieur à celui de l’inflation… Les taux usuels des organismes financiers « revolving » dépassent les 20 % l’an !!! J’ai applaudi devant mon téléviseur à
    l’énoncé de l’adoption de la taxation supplémentaire des Banques… M. Lamour partageait bien mon point de vue !!! Mais J-F Coppé va manoeuvrer pour annuler cette décision que le peuple de base
    approuve…. Toutes ces déconvenues accumulées ne vont-elles pas se payer aux prochaines élections ??? Gaulliste depuis la nuit des temps (de mon âge !) je me poserai la question l’an
    prochain… 
    A bon entendeur « Salut ! »
    Je suis content de vous, mon cher Marc, mais je renacle sur les prises de décisions du gouvernement… pardon ! de Nicolas !!!
    Toujours cordialement avec vous,
    Roger   

  • Merci Marc de préciser , à notre gouvernement , tes remarques ô combien pertinentes.

  • Un grand bravo pour cette interpellation!
    A quoi riment ces efforts quant à la qualité de vie des générations futures, si l’effort en vue d’y pourvoir est supporté par une classe moyenne qui ne cesse de s’étioler?
    Il est tellement plus facile de se targuer d’être écolo quand on en a les moyens… Le sens du développement durable est dans l’effort national. C’est une question de civisme de chacun d’entre
    nous, et il est insensé de plonger des gens dans la gêne financière, voire pis, et d’un autre côté de privilégier une minorité aisée, pouvant contribuer. Ceci ressemble fort à la logique d’un
    certain « bouclier », qui n’est qu’un caprice d’enfants gâtés et non une nécessité économique…