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Marc Le Fur, Député des Côtes d'Armor, Consieller Régional de Bretagne
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Point de vue. Redonner de la voix aux « sans voix »

Le 25 janvier 2017

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Ouest-France le 21 janvier 2017

Redonner de la voix au « sans voix » : c’est la grande vertu des élections présidentielle et législatives. Ces élections bénéficient toutes les deux de taux de participation significatifs et leurs résultats sont donc parmi ceux qui reflètent le plus la volonté des citoyens. C’est également le cas des municipales, mais celles-ci sont aussi le reflet d’enjeux locaux.

Ainsi, viennent s’exprimer, à l’occasion de ces deux scrutins, des citoyens qui ne votent que rarement autrement. C’est l’occasion d’entendre non seulement ceux qui font la pluie et le beau temps à la télévision mais également ceux dont on ne parle jamais, la fameuse majorité silencieuse, la France qui se situe à la périphérie de nos systèmes médiatiques. La France des artisans, des petites entreprises, des agriculteurs, des petites retraites, des intérimaires, des contrats aidés, des précaires…

Parmi ceux qui savent le mieux décrire cette France des « sans voix », nous pouvons compter sur le talent de Christophe Guilluy, géographe à l’origine du concept de France périphérique (2). Ses analyses doivent nous inspirer à l’occasion des débats démocratiques qui vont se dérouler dans les mois à venir.

Avec lui, il va falloir casser le ghetto dans lequel les voix dominantes veulent enfermer la ruralité en la réduisant à l’extrême ruralité, celle qui suscite le romantisme des citadins de grandes métropoles. Celle que l’on veut surtout conserver « dans son jus » pour les vacances. Trop facile et tellement faux.

Le tissu de solidarités de la ruralité réelle

La ruralité réelle, celle qui n’est pas représentée dans nos médias nationaux, c’est un tissu serré de solidarités entre communes rurales, avec leurs bourgs, des petites villes à proximité (quand on parle de petite ville, on évoque des communes de 10 000 à 25 000 habitants qui structurent considérablement le territoire).

C’est ce tissu rural que le gouvernement a oublié pendant cinq ans. C’est ce tissu rural qui a disparu des écrans radars de nos médias, de nos experts, de nos sondages. Celui qui se bat pour avoir des médecins, faire vivre un hôpital local, avoir des transports, du haut débit, élever ses enfants.

C’est ce tissu rural que l’on embête par des contraintes d’urbanisme dont l’objectif inavoué est de concentrer les populations dans les grandes villes.

Ce tissu rural n’a plus sa place dans un prisme médiatique qui se réduit désormais à une vision dialectique et réductrice qui oppose les métropoles et leur banlieue. Ce prisme fait disparaître la France périphérique des représentations sociales et médiatiques, sauf quand il faut parler des vacances.

Or, notre tissu rural, cette France périphérique, a sa dynamique propre. Elle a l’habitude de lutter pour qu’on ne l’oublie pas. Elle est au moins aussi créative que d’autres. C’est la rançon de l’adversité.

Simplement, aujourd’hui, elle se coupe de la France officielle, de la France qui s’expose aux projecteurs des plateaux de télévision. Elle se désaffilie, nous dit Christophe Guilluy. Sans faire de bruit. Elle s’organise par elle-même.

Ultime paradoxe, les ruraux se rendant à la capitale ne pourront pas, pour la plupart, y pénétrer avec leur véhicule jugé trop polluant. On voudrait les discriminer que l’on ne ferait pas mieux. Tout est dit.

C’est cette France que nous devons entendre à l’occasion des prochaines échéances électorales, cette France que l’on a mise dans un caisson antibruit et qui crie : « Nous sommes aussi la France ».

(1) Marc Le Fur, député LR des Côtes-d’Armor, vice-président de l’Assemblée nationale.

(2) La France périphérique, comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion, 2014.

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