Portrait de Marc Le Fur
Avec Vous, en confiance
Assemblée Nationale Conseil Régionale de Bretagne Marc Le Fur
Marc Le Fur, Député des Côtes d'Armor, Consieller Régional de Bretagne
Avec Vous, en confiance
 

Les médecins en milieu rural

Le 7 novembre 2006

Marc LE FUR intervient sur les médecins en milieu rural

Assemblée nationale : session du 26 octobre 2006

M. Marc Le Fur – Je voulais défendre un certain nombre d’amendements sur la démographie médicale, mais ils sont tombés sous le coup de l’article 40. C’est pourquoi j’interviens sur l’article.

Notre pays court un vrai risque de fracture sanitaire entre, d’une part, les zones où il y a beaucoup de médecins, au risque d’ailleurs de générer une surconsommation, de l’autre, celles où les médecins manquent. La moyenne nationale, satisfaisante, est de 329 médecins pour 100 000 habitants, mais elle monte à 423 en Île-de-France et tombe à 249 dans une région qui vous est chère, Monsieur le ministre, la Picardie. Il y a donc de fortes différences régionales. Mais il y en a aussi au sein des régions. C’est ainsi qu’en Bretagne, certains cantons n’ont que 7 médecins pour 10 000 habitants, alors que la moyenne régionale est de 10. La situation est encore plus inquiétante si l’on considère la pyramide des âges : dans un canton qui compte trois médecins, on constate par exemple qu’ils ont respectivement 55, 57 et 59 ans. Que se passera-t-il quand ils auront pris leur retraite ?

Comment faire en sorte que les jeunes médecins, plus nombreux grâce au relèvement du numerus clausus décidé par le Gouvernement, choisissent de s’installer dans les secteurs les plus dépourvus ? Je suis le député d’une circonscription qui n’a pas vu, depuis 1997, une seule jeune femme médecin s’installer. Pourtant, 65 % des médecins qui sortent de la faculté de Rennes sont des femmes. C’est significatif et grave.

Des mesures incitatives ont été prises, je le sais, mais l’incitation ne suffit pas. C’est pourquoi je préconise une solution du type de celle que l’on a retenue pour les pharmacies : dans les parties du territoire où il y a assez de médecins, un jeune ne pourrait s’installer que s’il succède à un confrère, tandis que dans celles qui sont déficitaires, la liberté d’installation serait totale. Une telle solution ne coûterait rien et ne contreviendrait pas au principe de la liberté d’installation, qu’elle aménagerait simplement. Je comprends qu’une telle mesure ne soit pas possible tout de suite, mais il importe en tout cas d’y réfléchir.

Dans la loi sur le développement des territoires ruraux, on a défini les cantons médicalement déficitaires, mais cela donne une carte exagérément pointilliste…

M. le Ministre – J’en suis d’accord.

M. Marc Le Fur – …qui empêche des installations de groupes. Élargissons donc la carte.

M. le Ministre – C’est en cours.

M. Marc Le Fur – J’ai la chance de bénéficier de crédits d’État dans le cadre d’un pôle d’excellence rurale et nous pensons nous en servir pour créer notamment des maisons de santé dans des cantons qui ne figurent pas sur la carte. Pour ce motif, leur création pourrait être refusée, ce qui serait un comble.

Les incitations ne suffiront pas, car le problème n’est pas financier. La preuve : en Bretagne intérieure, les médecins font 25 % d’actes de plus que la moyenne nationale. La réticence à s’installer dans certaines zones vient d’ailleurs, et notamment des contraintes liées aux gardes, qui sont beaucoup plus fortes à la campagne qu’en ville, où souvent un « SOS médecins » décharge les médecins. Les choses s’améliorent en matière de gardes, mais l’écart entre les médecins de campagne et leurs confrères citadins demeure, voire s’accroît.

Il faut donc tarir l’installation là où elle est excessive. Les comptes de la sécurité sociale ne s’en porteront que mieux. Et il faut inciter les jeunes médecins à aller dans ces zones où la démographie médicale est encore passable mais où elle ne le sera plus demain si l’on ne fait rien !

Les commentaires sont fermés !