Tribune publiée dans le Huffington Post
http://www.huffingtonpost.fr/marc-le-fur/crise-economique-grece-irlande_b_7713788.html
L’intensité de ce qui se passe en Grèce, le pays qui vit naître la tragédie ; l’appétit des Français pour les postures historiques, nous feraient presque oublier que la crise financière a également touché d’autres pays d’Europe dont quelques-uns ont retrouvé le chemin de la croissance après avoir fait, il est vrai, les efforts nécessaires.
En 2008, la crise financière et l’explosion de la bulle immobilière balayent violement les économies européennes au point où les Etats les plus touchés sont contraints de faire appel à la troïka, constituée du Fonds Monétaire International, de la Banque centrale européenne et de l’Union européenne. Elle propose ainsi son aide à la Grèce et à l’Irlande en 2010, au Portugal en 2011. L’Espagne, quant à elle, fait appel à une aide extérieure en 2012. Le pays étant la 5ème économie de l’Union, on préfère mettre en œuvre le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), ce qui revient au même mais lui épargne l’infamie de la tutelle.
Les pays placés sous la surveillance de la troïka vivent alors de sévères contraintes budgétaires et les peuples concernés souffrent de l’image qu’ils donnent à l’Europe entière. Que n’a-t-on pas dit alors de l’Irlande à laquelle une politique fiscale compétitive et des aides européennes bien utilisées avait permis d’être un Tigre celtique à forte croissance pendant les années 1990 à 2002. Combien d’experts fustigèrent alors le paradis fiscal qui avait échoué ? Combien de commentateurs moquèrent-ils, avec des préjugés douteux, les pays du Sud dont le sérieux budgétaire ne pouvait être digne de confiance ?
Qu’en est-il sept ans plus tard ?
La Grèce joue le énième acte d’une tragédie médiatique et malheureusement réelle pour son peuple. Ayant fraudé lors de la création de l’Euro, elle continue à refuser de faire les réformes nécessaires et théorise son refus dans une nouvelle guerre de Troie contre l’Allemagne.
En Espagne, nation dont nous connaissons tous la fierté, la banque centrale annonce une croissance de 2.8% du PIB en 2015. Le Portugal relève ses prévisions de croissance à 1.6% pour la même année. L’Irlande à quant à elle vécu une croissance de 4.8 % en 2014.
L’Irlande s’est affranchie de la tutelle de la Troïka depuis décembre 2013 et est de retour sur les marchés depuis janvier 2014. L’action de la Troïka a pris fin au Portugal en mai 2014 et l’aide européenne s’est arrêtée en Espagne en décembre 2013.
Ces trois pays, et notamment l’Irlande, ont fait la preuve de valeurs morales incontestables fondées sur le goût de l’effort, le travail, la cohésion sociale, la capacité à épargner pour préparer l’avenir.
Ces observations resteraient sans conséquences pour notre pays si nous n’étions pas contraints de savoir à quel pays nous ressemblons le plus. Sommes-nous vraiment plus irlandais que grecs ?
Force est de constater qu’en Europe, deux types de politiques économiques et budgétaires s’opposent :
Cessons de vivre le drame grec avec une sympathie complice, sortons du grand numéro d’illusionniste que l’on nous joue depuis trop longtemps en France et sachons prendre exemple sur ces soi-disant « petits » pays européens qui, tels l’Irlande ont sur réformer et peuvent de nouveau rugir.
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