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Marc Le Fur, Député des Côtes d'Armor, Consieller Régional de Bretagne
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En 2015, ne nous traitez plus comme des bouseux ! L’appel des 51 députés de la ruralité

Le 5 janvier 2015

Ne nous traitez pas comme des bouseux

Pierre Morel-A-L’Huissier, député de Lozère, et Damien Abad, Nicole Ameline, Julien Auber, Jean-Pierre Barbier, Thierry Benoit, Etienne Blanc, Dominique Bussereau, Alain Chrétien, Philippe Cochet, Jean-Michel Couve, Olivier Dassault, Marc-Philippe Daubresse, Claude de Ganay, Jean-Pierre Decool, Nicolas Dhuicq, Dominique Dord, Marianne Dubois, Virginie Duby-Muller, Georges Fenech, Philippe Folliot, Yves Fromion, Laurent Furst, Sauveur Gandolfi-Scheit, Hervé Gaymard, Annie Genevard, Guy Geoffroy, Christophe Guilloteau, Michel Herbillon, Francis Hillmeyer, Guénhaël Huet, Sébastien Huyghe, Guillaume Larrivé, Marc Le Fur, Maurice Leroy, Céleste Lett, Véronique Louwagie, Alain Marleix, Franck Marlin, Pierre Morange, Yves Nicolin, Patrick Ollier, Jean-Frédéric Poisson, Didier Quentin, Frédéric Reiss, Martial Saddier, Fernand Siré, Eric Straumann, Guy Teissier, Michel Terrot, Patrice Verchère, Jean-Pierre Vigier, Philippe Vitel, Michel Voisin


« Les paysans n’ont pas eu leur Zola. » En quelques mots confiés jadis à Alain Peyrefitte, le général de Gaulle résumait ainsi la grande douleur muette de la paysannerie française. Plus d’un demi-siècle après cette phrase, le constat demeure. Aujourd’hui, les élites et les corps intermédiaires du pays se soucient comme d’une guigne de la ruralité.

La paysannerie, c’est pourtant notre culture à tous. Nous avons tous des paysans pour ancêtres. Plus près de nous, lors du recensement de 1906, près de 1 Français sur 2 vivait de la terre.

Dans la France de 2014, un exploitant agricole se suicide tous les deux jours, et le taux de suicide des paysans de 45 à 64 ans est supérieur de 40 % à la moyenne: qui s’en soucie, qui en parle? Dans la France de 2014, 80 % du territoire se vide à grande vitesse de sa population. D’un côté l’on s’entasse dans les grandes villes et sur les côtes. Mais de l’autre les écoles ferment, puis les petits commerces, puis les services publics, et enfin le bourg lui-même: qui s’en soucie, qui en parle? Dans la France de 2014, plus de 5 millions de Français vivent en «zone isolée», expression statistique pudique pour dire qu’ils n’ont accès à rien des services publics que pourtant leurs impôts payent: qui s’en soucie, qui en parle?

Face à cette fracture territoriale profonde qui met à l’écart près de 1 Français sur 7, il ne faut pas se laisser prendre au piège du faux amour de la ruralité qui se développe ces dernières années. Pour l’exprimer abruptement, il y a la campagne des urbains et il y a la campagne des ruraux.

La campagne des urbains, ce sont des territoires ruraux en train de s’urbaniser parce que des urbains s’y installent pour tenter d’avoir «la ville à la campagne». Cette campagne-là bénéficie d’une dynamique d’investissements: résidentialisation, meilleurs transports, meilleurs services publics, meilleure connectivité. Quand on met sur la table l’abandon de la ruralité française par le pouvoir politique, c’est toujours celle-là qui est mise en avant pour essayer de prouver qu’en fait tout va bien.

La campagne des ruraux, c’est celle qui n’est pas assez proche des grandes villes pour que les aspirants «rurbains» s’y installent. Cette campagne-là est laissée à l’abandon, pour tout dire en jachère: paupérisation, transports raréfiés, services publics amoindris, connectivité réduite ou inexistante.

Ni indifférence ni misérabilisme: au même titre que les urbains et les rurbains, la campagne des ruraux a simplement besoin qu’on l’écoute et qu’on s’occupe d’elle. Elle veut des transports en densité suffisante et qui fonctionnent. Elle veut la proximité raisonnable d’un médecin et des services de santé. Elle veut le maintien de services publics auxquels ces plus de 5 millions de Français ont droit comme tout un chacun. Elle veut l’accès à Internet.

Elle veut surtout, et qu’on pardonne cette brutale franchise, que l’on cesse de traiter la campagne des ruraux comme des «bouseux» irrécupérables dans la marche du progrès économique et social. C’est nous, et personne d’autre, qui perpétuons la tradition paysanne plusieurs fois millénaire de la France. Nous avons donc droit non seulement à l’équité de traitement par les politiques publiques, mais aussi et surtout, nous avons droit au respect.

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