1) Je ne vais pas tous les reprendre ici, mais vous avez eu des réactions très dures à propos du ministre de l’économie Emmanuel Macron au sujet de ses déclarations sur les salariés de Gad. Pourtant, d’après un article du Figaro.fr, l’illettrisme concerne effectivement 20 % des salariés de cette usine. Qu’est-ce qui a motivé en vous une telle colère ?
Si ma réaction a été ferme après les propos de M. Macron, c’est d’abord qu’il a profondément blessé les ouvrières bretonnes du site de Gad à Josselin et tous les travailleurs bretons. Cette insulte faite à la Bretagne, ne pouvait pas être laissée sans réponse. Ces déclarations s’inscrivaient dans la suite de l’épisode des « sans dents ». M. Macron a admis qu’il n’aurait pas dû dire cela. Mais le plus grave est qu’il l’a pensé comme le pensent les élites parisiennes de notre pays, les bobos. La France souffre de ce divorce entre le peuple et les sois-disants élites. Les gens ne supportent plus que les élites les regardent ainsi avec condescendance alors qu’elles-mêmes donnent le sentiment d’échouer dans leur mission. M. Macron représente ces élites qui font le va-et-vient entre la finance internationale et les cabinets socialistes sans avoir jamais connu la réalité de la vie des familles modestes et des salariés. Enfin, les propos de M. Macron nous ont renvoyé une image bretonne contre laquelle nous nous battons depuis des décennies : celle d’une région pittoresque mais arriérée. Je ne pouvais pas laisser passer de tels propos.
2) Après référendum, les Ecossais ont choisi de rester dans le giron du Royaume-Uni. Votre soutien au mouvement des Bonnets Rouges est bien connu, cependant, pensez-vous qu’il serait de bon ton d’organiser un référendum semblable pour demander aux Bretons s’ils souhaitent l’indépendance ?
Même si, avec beaucoup de Bretons, j’ai de la sympathie pour nos « cousins » écossais, je sais que « comparaison n’est pas raison ». Je sais en revanche que l’Etat français n’arrive pas à se réformer d’en haut. Je demande donc à ce qu’on essaye de la réformer à partir du terrain. Il est temps que la France fasse confiance à ses régions, notamment lorsque celles-ci ont une identité forte avec un vrai sentiment d’appartenance comme la Bretagne. Pour cela, il faut des régions cohérentes. La Bretagne doit prendre sa forme naturelle avec, parmi ses grandes cités, les villes de Nantes, Rennes et Brest. Je manifesterai dans ce sens le 27 septembre à Nantes.
3) Que vous inspirent les élections sénatoriales à venir ?
Les élections sénatoriales de dimanche sont l’occasion de rendre un certain équilibre à nos institutions : un équilibre national avec le possible basculement du Sénat ; un équilibre départemental après 25 ans au cours desquels seuls des Sénateurs de gauche ont représenté les Côtes d’Armor. J’ai confiance en Michel Vaspart, candidat de la droite et du centre, et en son équipe pour changer les choses et pour porter les préoccupations de tous, l’emploi, la ruralité, la présence des services publics, la fiscalité… Michel Vaspart est un homme d’expérience qui a été chef d’entreprise pendant 18 ans et maire pendant 22 ans. Il est à la croisée de toutes les préoccupations qui sont celles de nos territoires et il aura la volonté de se faire entendre.
4) 2015 sera aussi l’année des élections régionales, et il se murmure, que vous viseriez un poste (haut placé, bien entendu) au parlement de Bretagne…
La majorité socialiste a fait la preuve de son échec tant à l’échelle nationale que régionale. Jusqu’en 2012, la Bretagne était finalement assez protégée de la crise. Malheureusement, depuis cette date, elle y est rentrée de plein pied sans y avoir été préparée. Pour se battre contre le décrochage de notre région, j’ai la conviction qu’il faut une nouvelle équipe. Cette équipe doit rassembler et être unie autour de seuls intérêts bretons. Quant à moi, j’ai bien l’intention de continuer à me battre pour les intérêts de la Bretagne, des bretonnes et des bretons. Quelle forme prendra mon engagement ? Les mois à venir le diront.
5) Permettez-moi de vous adresser une question d’actualité supplémentaire pour faire écho aux événements récents survenus à Morlaix. Que vous inspire la colère des légumiers ?
Dans cette affaire, on doit déplorer toute forme de violence. Mais ce qu’il faut d’abord regretter, c’est l’absence de dialogue entre les légumiers et les pouvoirs publics. Quand ces agriculteurs disent qu’il y a trop de normes et trop de pression fiscale, on ne peut pas leur répondre « cause toujours ». Il faut prendre ces questions à bras le corps. Lorsqu’on ne l’a pas traité avant la crise, il faut la traiter au cœur de la crise et c’est forcément plus difficile. Néanmoins, la simplification des normes et la baisse de pression fiscale doivent être une priorité.
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