Savez-vous ce qu’est une « fausse bonne idée » ? C’est une idée fausse qui s’appuie sur un constat réel et une ambition partagée par tous.
Le Gouvernement vient d’en faire une illustration magistrale dans son dernier projet de loi sur le prix de l’énergie. Quel est le constat réel ? L’énergie coûte trop cher aux familles qui
chauffent et éclairent leur logement. Les dépenses d’énergie représentent 8% du budget familial et sont souvent incompressibles. Quelle est l’ambition partagée ? Il faut favoriser les
économies d’énergie et donc permettre aux familles de consommer mois de gaz ou d’électricité. Jusqu’ici tout le monde est d’accord.
Et voilà que l’on commence à débattre de la question « Comment y arriver ? ».
Le Gouvernement précédent avait créé d’importants encouragements pour isoler les maisons. On parlait de « performance énergétique » des bâtiments.
Plutôt que d’encourager cette performance énergétique et de faire ainsi la « chasse au gaspi », le Gouvernement AYRAULT et sa ministre du logement, Madame DUFLOT, ont décidé de lancer
la « chasse aux gaspilleurs », fidèle en cela à la vieille tradition de la gauche française qui, à tous problèmes, ne cherche pas une solution mais un bouc émissaire.
Comment se traduit cette idée : Chaque foyer aura le droit à un quota d’énergie en dessous duquel il paiera un prix donné et au dessus duquel il sera mis à l’amende.
Nous commençons à voir se construire l’usine à gaz. Comment sera défini ce quota ? On nous annonce quatre critères : le type d’énergie de la maison (gaz ou électricité), la
composition du foyer le volume de consommation, et enfin, la localisation de la maison car la gauche reconnait tout de même qu’il y a une différence de température entre Lille et Marseille.
Chacun aura noté au passage que la consommation du fuel, qui n’est pas concerné, sera, de fait, encouragée. Mais nous ne sommes pas à une contradiction près.
Les principes sont posés : Venons-en aux questions concrètes. Tiendrons-nous compte de la taille de la maison ? Je pense à la veuve qui a élevé ses trois enfants et qui est restée dans
une maison faite pour cinq personnes. Tiendrons-nous compte de l’orientation des maisons ? Faudra-t-il détruire toutes les maisons orientées au nord où prévoir une dérogation ?
Tiendrons-nous compte de ceux qui travaillent à la maison, ce qui nécessite un chauffage tout au long de la journée ? Je pense particulièrement aux assistantes maternelles mais on peut aussi
évoquer un télétravailleur, une profession libérale. Faudra-t-il instaurer un nouveau corps de fonctionnaire pour contrôler votre consommation d’électricité ou de gaz ? La seule profession
qui bénéficiera alors de cette procédure sera les avocats. Que ferons-nous des familles qui habitent des logements locatifs collectifs et qui ne maîtrisent pas la qualité d’isolation de leur
logement. Y-aura-t-il alors un autre tarif dérogatoire ?
Les socialistes, dont la pensée est dirigée par les écologistes, n’ont pas pu s’empêcher de créer quelque chose dont l’administration sera compliquée, dont la transparence de facturation sera
contestable et qui coûtera plus en gestion qu’elle ne rapportera en économies.
L’écologie peut obtenir l’adhésion de chacun lorsqu’il s’agit d’une écologie de bon sens, une écologie concrète et non pas le prétexte à contrôler et compliquer la vie des gens.
Quel est le bon sens ? Non à l’écologie punitive. Oui à l’écologie positive. Des innovations technologiques porteuses de croissance permettent de moins consommer en isolant mieux.
Encourageons ce mouvement. Les Français n’ont pas besoin d’un coup de règle sur les doigts pour comprendre qu’en isolant mieux leur logement, ils feront des économies sur leur budget familial.
Enfin, sachons tirer les fruits de l’expérience et de l’histoire. Les économies collectivistes de rationnement n’ont jamais été porteuses de croissance et d’emploi. Elles empêchent le progrès
technologique et créent une économie parallèle porteuse délinquance. De quelle économie Mme DUFLOT a-t-elle la nostalgie, celle des tickets de rationnement d’après-guerre ou celle des économies
dirigées qu’ont rejeté la Russie et les pays de l’Est de l’Europe il y a près de 25 ans ?
MARC LE FUR
Député des Côtes d’Armor
Vice-président de l’Assemblée nationale