En examinant le projet de loi de réforme territoriale proposé par le Gouvernement, je vois vraiment se mettre en place concrètement ce que je craignais pour nos territoires ruraux, l’organisation
d’une désertion administrative et démocratique avec le risque d’une vraie désertification à terme.
Concrètement, le Gouvernement nous propose de réorganiser la représentation des cantons en supprimant les Conseillers généraux, remplacés par des couples homme-femme de Conseillers départementaux
sur des territoires qui, dans notre département, atteindront 25 000 habitants.
Dans un département comme le notre, on ne diminuera pas le nombre d’élus au Conseil général – ce qui aurait peut-être permis des économies – mais on réorganisera les cantons pour donner plus de
poids aux cantons urbains de l’agglomération briochine ou de Lannion, Guingamp ou Dinan ; et donc moins d’influence aux secteurs ruraux. C’était déjà une tendance du Conseil général des
Côtes d’Armor qui privilégie systématiquement les investissements au Nord de la RN 12.
La disparition de cantons à taille humaine va avoir des conséquences très concrètes sur notre vie quotidienne car beaucoup de nos services publics sont organisés à l’échelle du canton. C’est le
cas des brigades de gendarmerie, des collèges, des perceptions parfois de La Poste.
Chaque Conseiller général rural avait à cœur de défendre coûte que coûte ces services publics vitaux pour le bien être en milieu rural. Que feront les couples de Conseillers départementaux qui
seront élus à l’échelle de nouveaux cantons qui pourront regrouper 3, 4 ou 5 cantons d’aujourd’hui ? Que feront-ils lorsqu’on leur proposera de réorganiser les cartes de leurs quatre
collèges, de leurs cinq brigades de gendarmerie, de leurs trois perceptions ? Sous la pression de la Ville, ils feront nécessairement des concessions et les grands perdants seront les
ruraux.
Ce projet de réforme territoriale ne fait que confirmer ce qui est devenu une stratégie : le Gouvernement privilégie les villes et oublie la ruralité. Mais cette fois-ci, cela se voit
trop.