L’argent des radars au profit de la prévention routière
Le deuxième point que je souhaite soulever sagissant de ce collectif est largent des radars, qui intéresse grandement nos concitoyens et alimente les conversations.
Notre pays a décidé, à linitiative du Président de la République, de sengager dans un formidable combat pour la sécurité routière. Nous sommes en train de le gagner : le mois dernier encore, 10 % de vies humaines sauvées, 4 000 depuis le début de la campagne. Cela a été rendu possible grâce à la prévention, à linformation, mais aussi à la répression, même si elle prend parfois des tours désagréables que nous pouvons réprouver. Cette répression, cest largent provenant des mille radars mis en place. Depuis la fin de lannée 2003, ce sont 91 millions qui ont été engagés pour les installer. Au 6 décembre, ils avaient déjà rapporté 92,742 millions deuros. Nous arrivons donc déjà à léquilibre. En 2005, ce seront 60,48 millions deuros qui seront affectés à linvestissement en radars au titre du collectif. Au terme du dispositif, le coût dinvestissement sera de 200 millions deuros, la recette annuelle denviron 375 millions deuros et le coût de fonctionnement, recouvrant en particulier les envois en recommandé et les moyens informatiques, de 20 millions deuros. En tout état de cause, les radars vont rapporter.
À quoi doit servir largent ? Dabord, à payer les radars. Mais, dès le début de 2005, un surplus se dégagera. Où ira-t-il ?
La seule chose clairement décidée est que largent restera à lÉtat en 2005 et en 2006. Comment lutilisera-t-il ? Il convient de tordre le cou à lidée largement répandue que cet argent irait aux forces de police ou de gendarmerie. Cest évidemment faux.
Mais cette recette singulière ne doit pas être assimilée à une recette banale ni être traitée comme un impôt. Elle ne doit pas tomber dans le grand trou du budget de lÉtat. Largent pris aux automobilistes doit, dune manière ou dune autre, leur revenir par le biais de la sécurité routière.
Ladéquation entre la recette et son utilisation est la condition pour rendre la sanction tolérable. Nos concitoyens ne laccepteront que sils savent que cet argent sera utilisé pour leur sécurité. Ce lien indiscutable entre la recette et la dépense devrait recueillir lunanimité parmi nous. Parmi les dépenses envisageables, notre collègue Jean-Michel Bertrand travaille sur la possibilité de financer la formation et le permis de conduire, extrêmement coûteux pour les familles modestes, ce qui aurait un impact direct sur la sécurité. En matière routière, un certain nombre de points noirs pourraient être éliminés. On pourrait aussi financer les services durgences des hôpitaux qui accueillent les grands blessés de la route ou encore les services qui traitent, souvent pendant de longues années, les grands traumatisés de la route.
Sans prétendre avoir la solution, je tenais à vous livrer ces quelques pistes de réflexion. Permettez-moi dinsister sur la nécessité détablir un lien entre la recette et la dépense. Il en va de la crédibilité du dispositif.
M. Mariton vient de le dire, il faut un compte daffectation spéciale. Quon ne me dise pas que cest impossible : larticle 21 de la LOLF le prévoit expressément. Du reste, ce point est traité dans La réforme du budget de lÉtat, document paru à LGDJ qui fait autorité. Cest dire si nous avons les moyens de prendre cette décision, qui nest pas simplement financière mais éminemment politique.
Chacun ici en conviendra, pour que notre politique de sécurité routière porte ses fruits, nous devons convaincre les automobilistes que largent qui leur est pris de façon si désagréable leur revient, dune manière ou dune autre. (Applaudissements sur les bancs du groupe de lUnion pour un mouvement populaire.)