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Marc Le Fur, Député des Côtes d'Armor, Consieller Régional de Bretagne
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ISF : Les œuvres d’art et la justice fiscale.

Le 7 juin 2011

 PUBLIE DANS LES ECHOS DU   7 JUIN 2011  

Par Marc LE FUR

Député des Côtes d’Armor

Vice-président de l’Assemblée nationale

 

Appliquer l’ISF aux œuvres d’art, c’est tout simplement une question de justice fiscale et d’égalité devant l’impôt. Depuis 1982, les œuvres d’art sont exclues de l’assiette du calcul de l’Impôt sur les Grandes Fortunes, ancêtre de l’ISF. Quels étaient les arguments qui présidaient à cette décision à l’époque et qui nous sont encore opposés aujourd’hui ?

1/ Les œuvres d’art étant un patrimoine « non productif », elles ne généreraient donc pas de richesse préalablement à leur vente. Il ne faudrait donc pas les imposer.

Si les œuvres d’art sont exonérées parce qu’elles sont considérées comme un patrimoine non productif, pourquoi la résidence principale est-elle assujettie à l’ISF ? N’est-il pas paradoxal de voir les œuvres d’art exonérées et les meubles de la résidence principale taxés ? Poussons le paradoxe, aux yeux de l’ISF, les meubles de cuisine seraient imposés à l’ISF et pas le « Degas »

2/ Il fallait éviter la fuite des œuvres d’art à l’étranger – nous étions alors dans un contexte de fuite massive des capitaux.

Cet argument ne vaut plus. L’ensemble des patrimoines à l’exception du patrimoine immobilier est mobile. C’est le cas des comptes bancaires, des portefeuilles en action qui circulent d’un bout à l’autre de la planète, plus vite encore que les œuvres d’art. Ils n’en sont pas moins soumis à l’ISF.

Rappelons également qu’aucune contrepartie d’intérêt général ne conditionne l’exonération d’ISF des œuvres d’art. Ainsi, aucune obligation de mise à la disposition du public n’est exigée. N’est-t-il pas surprenant que le propriétaire d’un château qui s’échine à l’entretenir, qui fait l’effort de l’ouvrir au public, soit soumis à l’ISF, alors que le propriétaire d’un tableau qui dort dans un coffre de banque est épargné.

La réforme de l’ISF est l’occasion de remettre à plat l’imposition des patrimoines. Cette réforme, portée par le Gouvernement, est raisonnable. Elle propose une imposition de 0,25% pour un patrimoine supérieur à 1,3 millions d’euros et un taux de 0,50 pour un patrimoine supérieur à 3 millions d’euros. Si nous révisons les taux, si les taux ne sont plus confiscatoires comme ils pouvaient l’être jusqu’à présent  (taux maximum de 1,8 % dans l’ancien système), pourquoi ne pas également réviser l’assiette de calcul de l’impôt en y intégrant l’ensemble des éléments du patrimoine, y compris les œuvres d’art ? Un impôt juste, un impôt qui garanti l’égalité à situation comparable, se doit d’avoir un taux faible et une base large.

Cette proposition est d’autant plus juste que les œuvres d’art bénéficient déjà de multiples dispositifs privilégiés, notamment sur les plus-values et sur les droits de mutations.

Prenons un exemple qui, me semble-t-il, est éclairant. 

M. DUPONT vend son entreprise. Relevant de la tranche maximum, il est aujourd’hui, en l’état de notre droit, redevable de l’ISF au taux de 1,8 %.

Un ami lui conseille d’acheter des parts dans une entreprise locale de 300 salariés créatrice d’emploi. Il suit le conseil de son ami ; investit donc un million d’euros. Il les garde cinq ans puis les revend pour 2 millions d’euros et réalise une plus-value de 100 %.

Le conseil était judicieux en termes économiques mais pas au regard de la fiscalité. M. DUPONT paiera 90 000 euros d’ISF (5 X 1,8 X 1 million), 190 000 euros d’impôt sur le revenu lié à la plus-value (régime normal de 19%) et 123 000 euros de prélèvement social sur les plus-values (12,3%) ; soit un total de 403 000 euros.

Mais, M. DUPONT a eu bien tort. Il aurait du écouter le conseil d’un autre ami plus avisé, qui lui proposait d’investir en tableaux.

Il aurait acheté des œuvres d’art avec la même somme de 1 million d’euros. Appliquons l’hypothèse de l’exemple précédent. Il les aurait gardé 5 ans et les aurait revendu 2 millions, réalisant la même plus value, soit 100%.

Mais à ce moment là, il n’aurait  pas payé d’ISF, se serait acquitté seulement de 90 000 euros de taxe forfaitaire sur les plus-values (4,5% sur le prix de vente), et de 10 000 de CRDS, soit un total de 100 000 euros d’impôt.

En investissant dans une entreprise, créatrice d’emploi, plutôt que dans les œuvres d’art, M. DUPONT a payé 300 000 euros d’impôts en plus !

Cet exemple démontre à quel point, l’exonération d’ISF appliquée aux œuvres d’art est un privilège qui remet en cause le principe de l’égalité devant l’impôt. Réformer l’ISF est une bonne chose puisque l’on évitera désormais le caractère confiscatoire de la formule précédente. Encore faut-il en profiter pour renforcer la justice fiscale en intégrant les œuvres d’art dans l’assiette du calcul de l’ISF. Nous sommes un certain nombre à soutenir la réforme de l’ISF proposé par le Gouvernement à la condition de l’assortir de mesure de justice.

7 commentaires pour “ISF : Les œuvres d’art et la justice fiscale.”

  • Je pense qu’il est normal et juste que l’art soit soumis à l’impot dans les conditions que vous indiquez.Etre un mécène selon ses moyens et spéculer ou dissimuler sa fortune sont des choses
    différentes. Croire ou faire croire que cette mesure freinera la création est stupide.La majorité des peintres vivant de leur oeuvres en France n’ont pas des prix atteignant les seuils de l’isf
    ,les autres sont des « escrocs » de l’art qui vivent justement de cette spéculation.

  • Bonjour Monsieur

    Je suis militante UMP et totalement favorable à votre proposition d’appliquer l’ISF aux oeuvres d’art. Ce serait un signe fort vers la mise en place d’une justice sociale. La réaction de M Fillon
    me parait absurde.  Anne Sinclair et Fabius pourront enfin payer l’ISF, et cela me parait juste.

     S Allagnat

  • Je vous appprouve totalement. Moi je loue trois appartements à Paris. je paie donc cette saloperie d’ISE (Impôt de Satisfaction des Envieux). J’ai une fonction sociale, car je permets à des gens
    de se loger, je paie les taxes foncières, je paie des impôts sur les loyers au taux de ma tranche….. et plus je paie cette impôt imbécile !

    Autant vendre, mettre les gens dehors, acheter des toiles, les admirer tous les soirs ou les mettre au coffre… et l’heure venue les refiler à mes enfants en douce !

    Continuer comme ça!

  • Bonjour Mr Le Fur,

    je m’interroge sur les concequences d’une telle mesure que ce soit au niveau des gens qui vivent de l’Art directement ou indirectement, des concequences sur l’image de la france et de
    son rayonnement dans le monde par l’appovrissement de sa creativité.

    je comprends vos arguments, mais il me semble être faible par rapport aux pertes qui ne manqueront pas d’arriver si une telle mesure etait mis en place.

    j’ai l’impression que votre volonté louable d’egalité devant l’impot va creuser un peu plus le ressentiment des gens à l’egard de cet impot.

    vous chercher entre 100 et 150 millions d’Euro de recette supplementaire, je vous donne une piste, imposer une taxe de 0.01cts sur les millions d’ordre envoyé ( et pas seulement
    exécuté)quotidiennemnet par le trading algorythimique sur les marchés financiers.

    la mesure est simple, et degagera de substenciels revenus pour les finances publiques

     

    Marc Devers

  • Monsieur Le Fur 

    Superbe démonstration …!

    Je vous soutiens totalement dans votre démarche.

    J.Monfort 

    Saint Julien 

  • Monsieur, le Député,

    Je ne fais pas parti de votre circonscription, mais néanmoins je souhaite vous apporter mon soutien dans votre action concernant la taxation des oeuvres d’art. Demeurant dans une commune
    touristique, le prix des etrrains et de l’immobilier sur ma commune risquent de me faire imposer sur l’ISF, alors que nous avons bâti notre maison sur des etrrains agricoles de mes beaux parents
    il y a trente cinq ans. Aujourd’hui le développement touristique donne une valeur à ma maison que jamais personne ne pourra me payer et moi je vais m’acquiter d’un impôt inique car, retraité, je
    n’ai pas les moyens d’aller mettre ma « fortune », ma maison dans un paradis fiscal. L’exonération sur les euvres d’art a été faité par un premier ministre dans l’ intérêt de sa famille marchand de
    tableaux. Où est l’équité ? Cet argent détourné qui dort dans des coffres forts, serait surement mieux investi dans l’économie réelle.

    Je sais que mon modeste message, ne fera pas changer les choses, mais merci de m’avoir laisser m’exprimer.

    Marc-Henri Girollet citoyen contribuable de Savoie.

  • Je vous félicite pour cet amendement retoqué par le lobby des puissants et impunis (gauche et droite). Cette grande bourgeoisie n’a jamais eu autant de pouvoirs et il est temps d’arréter les
    méfaits de ces malades ( hadopi, niches fiscales ) avant que la population ne se tourne vers un chavez.